Accueil Régions Nord Compte-rendu de la séance ACFEB-Nord du samedi 2 mars 2013

Compte-rendu de la séance ACFEB-Nord du samedi 2 mars 2013

Compte-rendu de la séance ACFEB-Nord

du samedi 2 mars 2013

 

Etait invité : François Lestang (Chemin Neuf, Lyon), auteur de Annonce et accueil de l’Évangile (Études bibliques, n.s. 63), Gabalda, 2012.

 

Avant d’entrer dans le vif du sujet, bienvenue à Hervé Ponsot, o.p., respon­sable du projet BEST (La Bible en ses traditions) ; il habite désormais à Lille. D’autre part, Régis Burnet, qui enseigne à Louvain-la-Neuve, a manifesté son désir de rejoindre l’Acfeb-Nord ; il n’a pu se libérer cette fois.

Quelques informations :

  • La cotisation annuelle pour l’Acfeb s’élève à 25 €.
  • Dans le site Internet de l’Acfeb, la section Nord est « en construction »… Jacques V. veillera à l’achèvement des travaux.
  • Le congrès 2014 aura lieu à Lyon, avec pour thème « Le peuple de Dieu ». Parmi les orateurs : M. Rastoin, J.-L. Ska, Th. Römer, D. Luciani, Ch. Grappe, D. Boyarin.
  • La 28e éd. de Nestlé-Aland est sortie de presse ; les nouveautés concernent surtout les lettres catholiques.
  • Un livre à recommander, dans la ligne des études de G. Theissen : J.A. Pagola, Jésus, approche historique, éd. du Cerf, 2013.

Annonce et accueil de l’Évangile. Actes 16–18 (F. Lestang)

Au point de départ, deux questions. Le discours d’Athènes (Ac 17) est-il un échec, comme le pense René Jacob ? On peut comprendre autrement le « on en parlera une autre fois » et lire le discours en clé de louange. D’autre part, pourquoi Paul évangélise-t-il des riches, alors que Luc-Actes valorise la pauvreté ?

Ac 16–18 raconte le deuxième voyage missionnaire de Paul, de Troas à Corinthe, encadré par la vision de Paul à Troas (« un homme Macédonien », 16,8-10) et sa vision à Corinthe (18,9-10, avec « un peuple nombreux »). Le récit abonde en figures individuelles de croyants, alors qu’ensuite on a plutôt des groupes ou des figures collectives. Paul est présenté comme prédicateur, exorciste, philosophe conformé à Socrate, citoyen romain… Ne pas accorder une importance exagérée au passage « en Europe » : Paul reste dans l’Empire romain. F.L. s’en tiendra à une lecture narrative du texte, sans tenir compte ni du Codex Bezae (cf. Rius Camps) ni des lettres de Paul, mais en recourant aux sources classiques permettant de com­prendre le contexte culturel.

L’individuel et le collectif

Le Macédonien est porte-parole d’un « nous », et le narrateur est aussi porte-parole d’un « nous ». De même, il est toujours question de « X et sa maisonnnée », à l’image de Pierre chez Corneille. Paul est toujours accompagné de Silas, Timothée, etc., sauf à Athènes, où il est seul, mais c’est une mise en scène de Luc ! Dans chaque ville, il est question de « frères », sauf à Athènes.

Le « nous » n’est pas une simple convention narrative, il montre que les décisions ne sont pas solitaires. Surtout, il ouvre l’âge post-apostolique, après le communautarisme primitif ; le mot « apôtre » disparaît après 16,4.

À Philippes : Lydie et le geôlier (chap. 16)

Philippes est une colonie romaine, donc une autre Rome.

Lydie se convertit au bord du fleuve (= en marge ?) ; elle est marchande de pourpre, qui est un produit de luxe, et la communauté s’installe chez elle, qui devient une figure de l’autorité.

Une esclave possédée parasite ensuite l’annonce de l’Évangile, et Paul se met en colère… après plusieurs jours. C’est l’échec de la prédication en ville, et Paul est jeté en prison avec Silas.

Le seul miracle du voyage est le tremblement de terre (cf. la libération de Pierre, Ac 12), qui provoque la conversion du geôlier. À Philippes, on ne peut annoncer l’Évangile qu’à la marge.

À Thessalonique : Jason (17,5-9)

Paul prêche à la synagogue et annonce Jésus Seigneur, mais ses propos sont déformés en « Jésus roi ». Jason doit payer une caution, peut-être parce que la réunion est considérée comme illégale.

À Athènes : Denys l’Aéropagite et Damaris (17,16-33)

Paul est seul. À Athènes, il y a des croyants, mais pas des « frères ».

Luc construit la figure de Paul comme philosophe dans la ligne de Socrate, l’homme libre devant la cité : il parle aux stoïciens et aux épicuriens mais pas aux platoniciens, car c’est la tendance qu’il représente lui-même.

Le discours à l’aréopage appartient au genre littéraire de l’éloge. Il célèbre la grandeur de Dieu et ses bienfaits, et il culmine dans le discours sur la Résurrection (il ne nomme pas Jésus !). Pourquoi Paul s’adresse-t-il à l’aréopage ? En référence au jugement d’Athéna, qui fait intervenir Apollon à l’aéropage et obtient l’acquittement d’Oreste, tout en parlant de résurrection.

À l’écoute de ce discours, les épicuriens se moquent, mais les stoïciens décident de revenir l’écouter un autre jour.

À Corinthe : Crispus, patron de synagogue (18,1-10)

Le « patron de synagogue » n’a pas nécessairement une charge cultuelle : il peut être un bienfaiteur (évergète), juif ou non juif. Paul n’est pas un homme riche, car il doit travailler de ses mains : il est bienfaiteur de Corinthe, non par ses dons en argent, mais par sa prédication de l’Évangile.

Mal reçu, Paul rompt avec la synagogue, mais il vient s’installer… dans la maison d’à-côté ! Luc espère encore une réconciliation avec le judaïsme.

La comparution devant Galion, demi-frère de Sénèque, se termine par un non-lieu ; c’est la conclusion du voyage.

 

 

Prochaine rencontre le samedi 4 mai 2013 à la Maison de l’Apostolat des Laïcs, 39 rue de la Monnaie, 59000 Lille. Notre invité sera Jean-Marie Auwers (Louvain-la-Neuve). Titre de son exposé : La Bible d'Origène et de Jérôme. De l'hébreu au grec et au latin - et retour. Le séminaire proposera une présentation des traductions grecques et latines de la Bible (avec une attention spéciale à la Vetus Latina). On partira de la question suivante: « Qu'est-ce que "la Bible" pour les Pères grecs et latins jusqu'à saint Jérôme († 419) ? ».

 

Pour les rencontres ultérieures, nous inviterons notamment Régis Burnet (Louvain-la-Neuve) ainsi que Hervé Ponsot. Nous nous demandons s’il ne faudrait pas changer de jour de réunion, pour pouvoir accueillir des étudiants de la Faculté de Théologie.

 

                                                                                                            J.V.