Est
Rapport d'activité 2012-2013Rencontre du 24 novembre 2012 Daniel Gerber 1 Corinthiens et l’archéologie : douze dossiers-test La séance d’automne 2012 a été animée par Daniel Gerber qui a abordé les questions relatives à l’archéologie de Corinthe en s’interrogeant en particulier sur le profit qu’il y a à interroger l’archéologie pour commenter la première lettre de Paul aux Corinthiens, alors même que les communautés pauliniennes des premiers temps n’ont pas laissé de traces visibles de leur existence ? Une reprise critique de douze dossiers-test (illustrés par des photos prises sur place), s’appuyant entre autres sur les actes de travaux interdisciplinaires publiés en 2005 et en 2010[1], tente de répondre à cette question relancée en 1983 par Jerome Murphy O’Connor[2]. Si l’éclairage qu’apporte l’archéologie sur l’épître envoyée à ceux qui construisaient leur identité en Christ dans la cité isthmique vers le milieu du premier siècle est le plus souvent indirect, son apport est cependant loin d’être négligeable, dans la mesure où cette discipline s’intéresse aujourd’hui également au quotidien des petites gens. Les mésusages possibles Dossier 1 – L’inscription fragmentaire « [Συνα]γωγὴ Ἑβρ[αίων] » Dossier 2 – Les ex-voto enfouis près de l’Asclépieion et la métaphore du corps utilisée en 1 Co 12,12-27 Dossier 3 – La formule Ἀνάθεμα Ἰησοῦς en 1 Co 12,3 Dossier 4 – L’inscription […]erastus pro aedilit[at]e | s(ua) p(ecunia) stravit […] et Rm 16,23 : Ἔραστος ὁ οἰκονόμος τῆς πόλεως Dossier 5 – La maison, lieu de réunion selon 1 Co 16,19 : ἡ κατ᾽ οἶκον αὐτῶν ἐκκλησία Un bénéfice discuté Dossier 6 – ἐὰν γάρ τις ἴδῃ σὲ […] ἐν εἰδωλείῳ κατακείμενον (1 Co 8,10) : les salles à manger attenantes à l’Asclépieion étaient-elles ouvertes au public ? Dossier 7 – ἐὰν γάρ τις ἴδῃ σὲ […] ἐν εἰδωλείῳ κατακείμενον (1 Co 8,10) : qui mangeait dans le sanctuaire de Déméter et Coré à l’époque de Paul ? Dossier 8 – Les jeux isthmiques et la métaphore sportive employée en 1 Co 9,24-27 Dossier 9 – Les hôtes prenaient-ils occasion des repas pour rallier leurs invités à leur appartenance préférentielle ? Une lecture croisée d’1 Co 1,11-12 et 1 Co 11,17-34 Un apport non négligeable Dossier 10 – Le prix du rachat : ἠγοράσθητε […] τιμῆς (1 Co 6,20a) ; τιμῆς ἠγοράσθητε (1 Co 7,23a) et les inscriptions de Delphes Dossier 11 – Phoebé, διάκονος τῆς ἐκκλησίας τῆς ἐν Κεγχρεαῖς […] καὶ […] προστάτις πολλῶν […] καὶ ἐμοῦ αὐτοῦ (Rm 16,1-2) Dossier 12 – Le(s) marché(s) alimentaire (s) : πᾶν τὸ ἐν μακέλλῳ πωλούμενον ἐσθίετε (1 Co 10,25)
Rencontre du 11 mai 2013 Eberhard Bon, Patrick Pouchelle Présentation du « Dictionnaire historique et théologique de la Septante » actuellement en cours de rédaction par une large équipe internationale et bénéficiant d’un financement ANR. Voir http://www.htlseptuagint.com/. La Bible Hébraïque a joué un rôle important dans le développement de la culture européenne. Néanmoins, ses principes fondamentaux – tels que le monothéisme, la démythologisation de la nature, la linéarité du temps – se sont extraits de leur environnement national et linguistique originel et sont rendus attractifs à des esprits qui ont évolué sous l'influence de la révolution scientifique et rationaliste apportée par les Grecs. La Septante – la plus vieille traduction en Grec de la Bible des Hébreux, produite au cours des IIIème et IIème siècles avant J.C. – est la première étape de ce processus d'appropriation culturelle. Durant les vingt dernières années environ, la recherche concernant la Septante a émergé de l'ombre de sa source hébraïque. Les historiens du judaïsme, les linguistes et les spécialistes de la Bible ont progressivement considéré la Septante comme un document fondamental à part entière. Ainsi que les découvertes de Qumrân l'ont démontré, le texte hébraïque original de la Septante n'était pas identique au texte traditionnel reçu par le Texte Massorétique. De plus, les traducteurs ont pris un certain degré de liberté dans l'in-terprétation du texte. Dominique Barthélemy a utilisé le terme « aggiornamento » : la Septante est une sorte de mise à jour des écritures Juives. Plusieurs projets ont visé à produire des traductions annotées de la Septante: en France, La Bible d'Alexandrie, dont seize volumes sont connus à ce jour, en langue anglo-saxonne, the New English Translation of the Septante, publiée en 2007; et en Allemagne, Septuaginta Deutsch, publiée en 2009. Un nombre considérable de conférences et des efforts collectifs ont favorisé les interactions entre ces projets. D'autres progrès dans l'étude de la version grecque sont encore possibles. La redécouverte du texte comme discours linéaire doit être complétée par une recherche lexicale : les racines des mots en Grec dans le contexte de la culture hellénistique et leur exploitation au sens du langage biblique. Voilà le programme des points abordés : 1. Pourquoi étudier la Septante ? La mauvaise réputation d'une version biblique 2. Le regain des études sur la Septante dans les études bibliques récentes 3. Pourquoi écrire un lexique historique et théologique de la Septante 4. Présentation du HTLS a) Le choix des lemmes et l'approche adoptée par le HTLS b) Présentation de quelques mots choisis
Rencontre du 16 novembre 2013 Elian Cuvillier La séance du samedi 16 novembre a été animée par Elian Cuvillier et a été organisé en deux opus : L’interprétation du texte biblique : leurre du lecteur ?
« L’heure du lecteur », souvent invoquée ces dernières années, n’est-elle pas un leurre ? Leurre d’un lecteur qui prétend interpréter le texte avec la distance critique nécessaire, alors qu’il ne cesse, depuis toujours, de rendre compte de sa propre subjectivité ? Pour traiter cette question, on propose d’abord l’analyse d’un texte littéraire, la nouvelle d’Alphonse Allais, « Un drame bien parisien », en s’intéressant à trois de ses interprètes. Dans un second temps on s’arrête sur quelques aspects de l’histoire de l’interprétation de l’épître de Jacques, depuis Luther jusqu’à nos jours. On termine en analysant quelques passages de l’évangile de Matthieu. Interpréter, c’est mettre en évidence les stratégies que le texte met en œuvre pour « tromper » et donc déplacer son lecteur. En retour, c’est prendre acte de la résistance du texte, de déjouer ses stratégies en proposant d’autres interprétations possibles. L’intérêt de la tâche herméneutique réside dans les potentialités qui naissent des écarts et des malentendus s’instaurant entre le texte et son lecteur. La seconde intervention portait sur la finale de l’évangile de Jean Plaisanterie Johannique : la double finale de l’évangile de Jean (Jn 20,30-31 et 21,25) : un « plagiat par anticipation ? » Si elles ne sont certes pas secondaires, les « méthodes exégétiques » n’en sont pas moins secondes par rapport à ce qui est au fondement de l’acte de la lecture : une capacité à se mettre à l’écoute du texte en se mettant, par lui, à l’écoute de ce qui parle en nous et qui vient pourtant du dehors de nous-mêmes. Cela aucune technique, aussi précise et pertinente soit-elle, ne peut nous l’apprendre. Ce que cet exposé voudrait essayer de montrer, sous forme humoristique donc fondamentalement sérieuse, c’est que l’évangile de Jean, à travers sa double conclusion (Jn 20,31-32 et Jn 21,25) pose, à son insu, les bases de ce que la modernité critique issue des Lumières exprimera à travers la distinction désormais classique entre le « Christ de la foi » et le « Jésus de l’histoire ». [1] SCHOWALTER Daniel N. and FRIESEN Steven J. (eds.), Urban Religion in Roman Corinth. Interdisciplinary Approaches, Cambridge, Harvard University Press, 2005 ; FRIESEN Steven J., SCHOWALTER Daniel N. and WALTERS James C. (eds.), Corinth in Context. Comparative Studies on Religion and Society, Leiden, Brill (Supplements to Novum Testamentum 134), 2010 |
|
|