Rencontre 29-30 janvier 2011 (Ouest)

À Angers, nous étions 30 participants. Notre intervenant était Pierre Gibert, sj, Doyen honoraire de l’université Catholique de Lyon.

Son intervention du samedi après-midi portait sur l’inspiration des Écritures en prélude au prochain congrès de Toulouse – Pierre Gibert assurera une des conférences inaugurales du congrès. À notre demande, pour lancer notre réflexion, il est parti du travail de C. Theobald, La réception du concile Vatican II, Accéder à la source, vol. 1, Paris, Cerf, coll. « Cogitatio Fidei », 2009. Son propos s’est déroulé en trois temps. Tout d’abord, il repère que le concept d’inspiration dans Dei Verbum apparaît au cœur d’une approche critique, dans le cadre de la bipartition entre Écritures et Tradition. Le concept d’inspiration apparaît au milieu même de la Constitution dogmatique, au chapitre III : « L’inspiration de la sainte Écriture et son interprétation », §11 : « Inspiration et vérité de la Sainte Écriture ». De fait, dans un deuxième temps, il remarque que Theobald tente une théologie de l’inspiration, en s’appuyant sur l’exégèse critique. Prenant appui sur différents articles, P. Gibert note que le concept d’inspiration fait son apparition non pas dans les Écritures ni chez les Pères grecs, mais dans le vocabulaire latin de Tertullien. C’est donc un concept tardif, pour lui. L’inspiration met en cause le mystère de la rencontre entre Dieu et l’homme et, en ce sens, la question concernerait plus le dogmaticien que l’exégète. L’important est la question de la Veritas du texte. Theobald relève qu’à Vatican I, les textes sont considérés comme sacrés et canoniques en tant qu’ils sont inspirés, c’est-à-dire écrits sous l’inspiration du Saint Esprit, et ils ont Dieu pour auteur. Mais il ne faut pas oublier non plus qu’ils sont écrits par des hommes et l’inerrance reste une question. Il est donc important de qualifier le statut du canon. En outre, la dimension de foi est plus importante encore que l’écrit lui-même pour aborder la question de l’inspiration. L’échange a permis de soulever la question du sens plénier du texte. Le sens serait-il contenu à l’intérieur même du texte, ou bien est-il dans ma lecture, dans mon expérience spirituelle qui surgit de la lecture du texte ?

 

Le dimanche matin, P. Gibert a poursuivi sa réflexion avec sa thèse sur l’invention critique de l’histoire. Sur le phénomène de la mise par écrit, il a présenté plusieurs points. Notamment, il met en garde contre une sacralisation scripturaire trop forte. Le christianisme n’est pas une religion du livre. L’invention de l’imprimerie a fait percevoir la bible comme un ensemble unifié et sacré, au risque d’en sous-estimer la diversité. Mais l’ordinateur nous fait vivre un mouvement inverse, en faisant percevoir la bible comme un volumen (ensemble de plusieurs volumes), à la différence du Coran, qui est comme un codex.

P. Gibert a ensuite montré qu’au XIVème siècle, se produit une crise de l’allégorisme. Celui-ci prévalait jusqu’alors, au risque d’occulter l’histoire et de rendre second le sens littéral du texte. Mais l’histoire va alors prendre peu à peu le dessus, et l’on va s’intéresser beaucoup plus à la dimension philologique du texte. La plénitude de la vérité est à situer en avant de nous, et non pas à l’origine. Le travail exégétique est au service de cette avancée vers la vérité.

Les apports de P. Gibert ont été très appréciés, ont donné lieu à de bons échanges. Nous aurons l’occasion de reprendre ces réflexions lors du congrès de Toulouse. En attendant de le retrouver, nous voulons remercier ici très chaleureusement Pierre Gibert pour sa présence parmi nous et la qualité de son intervention.

 

Le dimanche après-midi fut consacré aux traditionnels échanges de nouvelles des membres de notre groupe, des proches comme des lointains géographiquement. Georges Aillet, notre trésorier, a présenté l’état des comptes avec précision et pédagogie. Merci à lui pour ce service suivi et fidèle. Nous avons également échangé sur les projets de modifications de statuts. J’ai transmis au bureau national le fruit de nos échanges. Le dossier sera de nouveau ouvert lors du congrès de Toulouse.